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17.04.2013
Sur la rive gauche du Noun: Affrontements entre Bamiléké et Bamoun
Un mort, cinq blessés et quatre motos incendiés, tel est le bilan de la bagarre collective ayant opposé lundi 15 avril dernier les membres des deux communautés. Pour limiter les hostilités, la zone est sécurisée par les militaires.
Ce mardi 16 avril 2013, tous les villages de la rive gauche du Noun sont encerclés par plus de 1000 hommes en tenue. Des éléments du bataillon des troupes aéroporté (Btap) de Koutaba, ceux du groupement mobile d’intervention N°3 de Bafoussam et ceux de l’unité du bataillon d’intervention rapide(Bir), armes aux poings ont formé un corridor de sécurité autour de la zone de conflit entre des présumés assaillants appartenant à la communauté Bamoun et des personnes présentées comme des Bamiléké. Suivant les instructions du gouverneur de la région de l’Ouest, Bakary Midjiyawa, il est impossible à toute personne d’avoir accès dans les différents villages de la rive gauche du Noun. Car, faut-il éviter que les incidents survenus la veille au tour de 17 heures dans le village Kouetet autrement appelé Bamougoum II, ne resurgissent.
Surtout que pour la première fois depuis le déclenchement de ce conflit, on enregistre, juste après les bagarres, un mort. Il s’agit du jeune Mbomoua Mamouda, 22 ans. Une trentaine de motos ayant transporté une partie des protagonistes du centre urbain de Foumbot pour les lieux des hostilités a été aussi incendiée. «Des assaillants sont venus de Foumbot pour détruire la chefferie de Bamougoum II sur la rive gauche du Noun. Les groupes d’autodéfense constitué par les jeunes du village ont riposté », raconte un habitant de la rive gauche du Noun. Soulignons qu’en plus de ce décès, cinq personnes sont internés dans les hôpitaux de Foumbot et de Bafoussam.
Conflit post-électoral ?
Joint au téléphone, M. Namba, le sous-préfet par intérim de l’arrondissement de Foumbot assure que l’on assiste à un retour au calme, après la descente du sultan-roi des Bamoun, Ibrahim Mbombo Njoya sur le lieu des hostilités. Celui-ci a rappelé aux membres des deux communautés qu’ils sont condamnés à vivre dans l’harmonie et la paix. Ce discours ne conforte point les chefs des communautés Bamiléké vivant sur la rive gauche du Noun. Dassi Tankam, chef de Bamougoum II, reste terré dans sa chefferie, et compte sur l’intervention des autorités étatiques pour sa sécurité et celle des populations de son village. Surtout que de sources introduites, « les assaillants » ont menacé de détruire sa chefferie parce qu’il serait à l’origine de l’arrestation d’un jeune homme de la communauté bamoun accusé de trouble de jouissance et de destruction de biens parce surpris en train de détruire un espace foncier mis en valeur par cette autorité traditionnelle.
Reste qu’en moins de 12 mois, il y a eu au moins 10 affrontements à arme blanche entre des Bamoun et des cultivateurs originaires des villages de la rive droite du Noun et installés sur la rive gauche du Noun depuis plus de 50 ans. Courant les mois de mars et d’avril dernier, de nombreuses femmes ont été violées, des jeunes plants de mais détruits, sans que l’administration ne s’implique fortement pour trouver une solution définitive à ce conflit tribal. Ce qui pousse certains à croire que sa résolution dépend des enjeux et des intérêts politiques des barons du régime notamment le sultan-roi des Bamoun. D’ailleurs, à Bafoussam, une certaine opinion établit un rapprochement entre la victoire aux élections sénatoriales du 14 avril dernier de la liste du Sdf constituée majoritairement des membres de l’ethnie Bamiléké sur celle de l’Udc formée principalement des Bamoun.
Guy Modeste DZUDIE
Le Messager
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