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29.11.2007
Le Palais de Rois Bamoun victime de la "feymania": Interview de Nji NCHARE Oumarou.
NJI Oumarou NCHARE, Vous êtes manifestement l’un des plus proches collaborateurs du Roi des Bamoun. Quel est véritablement le rôle que vous jouez dans le Palais ?
Je suis en effet Directeur des Affaires Culturelles du Palais des Rois Bamoun. La direction que je coordonne comporte plusieurs services que je coiffe également. Il s’agit du Musée Royal, de la Maison de la Culture du Palais et de l’Ecole Shümom.
Une rumeur retentissante rapporte que votre fonction au Palais des Rois bamoun a été usurpée par des faux antiquaires qui ont commis une grave escroquerie en Europe. Qu’en est-il exactement ?
Nous sommes vraiment dépassés par cette situation où des gens sont allés faire un coup d’abord au nom du Musée Royal de Foumban. Ils ont déclaré que ce Musée met dans le circuit du commerce international toutes les collections d’objets d’arts traditionnels Bamoun accompagnés de certificats d’authenticité. Ça c’est le premier coup. Pour le deuxième coup, ils sont allés vendre une collection d’objets d’arts qui est supposée selon eux, venir de la Maison de la culture du Peuple Bamoun. Ils en ont également délivré un faux certificat d’authenticité. Il se pourrait que tous ces coups datent d’un an.
Ces coups, semble-t-il, ont produit des effets délicats pour le Palais et pour vous plus particulièrement.
Tout a fait. Le 19 Février 2007, nous avons reçu au Palais un groupe de 5 personnes composé de 3 blancs et de 2 noirs venus d’abord dans le but de visiter le Musée. Après quoi ils ont demandé à rencontrer le Directeur du Musée. On les a introduit dans mon Bureau et je les ai reçu pour me rendre compte qu’il s’agissait des huissiers, des avocats et des éléments de la police interpoles venus au Musée Royal dans le but d’interpeller le Directeur de cette institution qui aurait fait des transactions indélicates d’objets anciens contre une forte somme, soit 120 000 000 Fcfa environ. Les membres de la délégation que j’ai reçu m’ont demandé si j’étais le Directeur des Affaires Culturelles du Palais, du Musée Royal et de la Maison de la Culture du Palais. Ce que j’ai confirmé. C’est alors que l’un d’eux a sorti des menottes et j’ai aussitôt demandé pourquoi des menottes dans mon bureau. Ils ont répondu qu’ils étaient à ma recherche, m’ont servi une sommation interpellative et m’ont présenté un dossier constitué d’une série de faux papiers, des certificats et des attestations d’authenticité délivrés et signés par imitation au nom du Directeur du Musée du Royal et au nom de feu Sultan Seidou NJIMOLUH tout sans oublier d’autres grandes personnalités traditionnelles comme le Chef Supérieur du Groupement de Fontain, Feu NJI MOULIOM MOPA Adamou.
Après avoir répondu à leurs questions et démontré à ces extraordinaires visiteurs qu’il s’agissait d’une usurpation, ils m’ont demandé quelles dispositions le Palais des Rois Bamoun entendait prendre contre le phénomène ainsi mis à nu. Et j’ai promis que nous traquerons tous ces gens pour les mettre en prison si nous parvenons à les identifier.
Avez-vous donc identifié ces usurpateurs ?
Tous sont connus et bien identifiés. Ils sont ensemble avec nous dans la ville de Foumban et ils circulent avec nous. En effet, la police interpoles que nous avons reçu nous a laissé un dossier complet avec les photocopies des cartes d’identité que ces usurpateurs auraient déposé pour percevoir de l’argent dans les transactions indélicates qu’ils ont effectués. Ces pièces d’identité sont d’ailleurs fausses avec des fausses identités, mais les photos qu’elles affichent permettent de reconnaître les intéressés.
Qu’est ce qui justifie que ces faussaires, bien que identifiés, demeurent en liberté ?
Je pense qu’un bon père ne livre pas ses enfants, contrairement à ce qui se raconte. Un bon père conseille ses enfants. Nous parlons ici du Roi des bamoun et nous pensons qu’il est question pour nous, non pas de les livrer, mais de les ramener à l’ordre pour qu’ils comprennent qu’on ne peut pas manger un repas préparé dans une marmite et casser cette marmite quand on est rassasié, puisque demain, les autres auront faim et s’en serviront à leur tour. Nous essayons de ramener ces faussaires à la raison, mais en cas de récidive, nous serons obligés de lâcher.
L’affaire telle qu’elle est racontée dans la rue évoque une émission à laquelle vous avez pris par sur les antennes de la chaîne de télévision française TV5 pour dénoncer et désaxer des jeunes Bamoun qui faisaient fortune et gagnaient leur vie à leur manière. Comment réagissez-vous à cette accusation ?
C’est devenu le pain quotidien en pays Bamoun, toutes ces accusations fausses et sans objet contre le Palais. Dans cette série d ‘accusation, on n’est pas du tout fixé, on ne sait pas qui accuse et pourquoi on accuse véritablement. Les versions sont multiples. Les uns affirment qu’à la televison, nous avons dit que l’américain qui intervient dans les négociations de placement d’objets d’arts aux européens est un faux personnage (ndlr : les faux antiquaires mettraient les européens à qui lis veulent vendre faussement des objets d’arts en contact avec un faux américain présenté comme un repreneur à très fort prix). Les autres soutiennent que j’aurai paru à la télévision pour expliquer comment les Bamoun peuvent en 3 jours reproduire parfaitement un objet d’art ancien et authentique. Si c’est le cas, je mériterai plutôt d’être remercié pour avoir exposé le talent et le génie de l’artisan Bamoun. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Dans une autre version, il se dit , ce qui est faux, que c’est sur les antennes, qu’on menace alors d’incendier, que j’ai pris part à l’émission incriminée.
En fait d’émission il paraît qu’au moment où j’ai reçu en février 2007 la délégation évoquée plus haut, un élément de la police interpole a discrètement déclenché un appareil qui a enregistré mes déclarations. Et plus tard, semble-t-il, une émission télévisée aurait été diffusée sur la chaîne de télévision française TV5 avec des blancs victimes des fausses transactions d’objets d’arts. Le thème de cette émission aurait porté sur « les réseaux d’arnaque en Afrique ». Sur le plateau chaque victime invitée aurait expliqué comment elle a été arnaquée. Et pour mettre en évidence la véracité des déclarations, l’on a dû passer la bande de l’enregistrement que j’ai tantôt évoqué. Je n’ai jamais été sur le plateau de TV5 et les rumeurs qui disent que je suis allé en France pour ce faire, sont fausses. Ma voix aurait été diffusée sur l’antenne de TV5, mais il reste encore à prouver que c’est ma voix puisque l’un des miens qui a suivi l’émission dont on parle déclare ne l’avoir pas reconnue quoique le journaliste ait déclaré après que c’était l’intervention de NCHARE Oumarou. Il reste donc à vérifier tout cela et j’ai envoyé, via Internet, un message à TV5 pour solliciter une copie de l’émission qui fait tant bruit et qu’en fait, personne n’a suivi ici à Foumban. Personne n’a suivi sur place ce documentaire qui n’aurait même pas parler du peuple bamoun, mais d’un réseau d’arnaque en Afrique, faisant étant de ce qui se passe en Côte d’Ivoire, au Mali et un peu partout sur le continent. Je ne sais pas pourquoi les Bamoun prendraient cela pour leur problème particulier.
Des scandales comme celui qui défraie la chronique deviennent fréquents. Le Palais des Rois Bamoun n’a-t-il concrètement pris aucune mesure contre le trafic de son image par les fils du Noun qui passent pour être des antiquaires ?
Il faut commencer par discerner ce que c’est un antiquaire. Combien y’en a-t-il à Foumban et en pays Bamoun. Très peu. Il y a surtout un groupe d’arnaqueurs. Ce qui peuvent se dire antiquaires, ce sont nos parents comme El Hadj Major et El Hadj Moustapha qui n’ont passé leur vie qu’à collectionner et vendre des objets d’arts de la manière la plus loyale et légale. Mais quand on prend des procédés pour chiper de l’argent chez des gens en utilisant des objets d’arts comme appât, ce n’est plus normal et on n’est pas du tout antiquaire.
Nous sommes au courant de cela et la bonne mesure à prendre reste la sensibilisation. Il est important de sensibiliser les faussaires pour qu’ils comprennent qu’ils ne doivent pas ternir l’image du Palais et du Peuple Bamoun. Ils doivent comprendre que la vie ne s’arrête pas à notre ère car nos enfants ont besoin de vivre demain. Nous allons mener une campagne de sensibiliser et multiplier des réunions avec les intéressés pour leur faire entendre raison. Mais si nous nous rendons compte qu’ils ne changent pas, nous serons contraints de les punir. Il y a un adage qui dit que le meilleur conseiller de l’africain c’est la chicotte. Ça c’est au cas où les intéressés franchissent le Rubicon et qu’on arrive plus à les sensibiliser.
Propos recueillis par Alexis MOULIOM
Note de la Rédaction :
Cette interview a été réalisée il y’a de cela près de deux mois, au moment où l’affaire controversée de « l’intervention en direct» du Directeur des Affaires Culturelles de Palais des Rois Bamoun faisait couler beaucoup de salive. Après des investigations menées à ce sujet, il est apparu que l’émission télévisée dont il est question s’intitule ‘’sans aucun doute’’ et est diffusée sur les antennes de TF1 et non TV5 comme indiqué plus haut. NJI NCHARE Oumarou n’a jamais été, pour dire vrai, sur le plateau de ce programme télévisuel qui, animé par le journaliste Julien COURBET, a traité un dossier sous le thème général « Réseaux d’arnaques en Afrique » sans toutefois faire cas du cas spécifique du Noun. Ce dossier est la source de toutes les interprétations inexactes divulguées ici et ailleurs.
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