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19.09.2012
LA COMMUNAUTE BAMOUN DE KYE-OSSI
PERD SON CHEF
Les populations de kyé-ossi en général et les bamoun de cette unité administrative en particulier, se sont réveillés le jeudi 06 septembre 2012 dernier dans la tristesse et la consternation, et pour cause, El Hadj POUENFOMA Amadou, Chef de ladite communauté et par ailleurs chef du village d’Akombang, dans l’Arrondissement de kyé-ossi est mort. La triste nouvelle perçue comme étant soudaine, a parcouru la ville comme une trainée de poudre. Le Chef qui était parti de kyé-ossi au mois de janvier 2012 pour cause de maladie, décédait ainsi ce jour-là aux environs de 04heures du matin à son domicile sis à Foumban au quartier NJISSE-NGBET PEFA.
En effet, c’est depuis 1984 que POUEFOMA Amadou, né vers 1938 à FENTAIN devient Chef de troisième degré du village Akombang en remplacement de son oncle NJIAWOUO Isaac décédé au mois de novembre 1983. Ce dernier devenait ainsi chef de village à l’issue des consultations d’usage et des élections organisées à cet effet par le Chef de distinct d’Olamze d’alors. Elections remportées avec une écrasante majorité par POUENFOMA Amadou, allogène (bamoun), face à ZUE NKOULOU Laurent autochtone (Ntoumou). Dès lors, il assumait cette fonction avec celle de chef de communauté, quoique de façon officieuse jusqu’en 2004, année où sa Majesté le sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA, Roi des bamoun, à l’occasion de l’inauguration de la mosquée centrale d’Akombang, construite par les bamoun, va le désigner officiellement comme son représentant à kyé-ossi.
Aussitôt informés du décès du Chef, ses adjoints El Hadj FOUNJOUOM Adamou El Hadj NSANGOU MAMOUDA et MOUNBOU ZAKARI en ont informé toute la ville de kyé-ossi et ont par la même occasion mobilisé tous les bamoun (notables de la chefferie, chef de grandes familles, imams, membres du conseil islamique, responsables bamoun à tous les niveaux, présidents des associations), en vue de l’organisation des obsèques du chef. Des fonds ainsi collectés ont permis à ces adjoints au chef de déplacer autant de bamoun possible pour assister à ces obsèques auxquelles le Roi des bamoun s’est même fait représenter le dimanche 09 septembre 2012, et sa bonne organisation sur toute la ligne. Le sous-préfet de l’Arrondissement de kyé-ossi André-Marie ESSONO, le Maire de la Commune de kyé-ossi NDONG ALO’O Antoine, le Chef du canton Ntoumou Sud 2, OYONO NKOULOU Samuel et l’élite de Kyé-ossi BIKORO ALO’O Antoine ont transmis des messages de condoléances à la famille si durement éprouvée. Et comme si cela ne suffisait pas le D.G.A. du Chantier Naval et Industriel du Cameroun (CNIC), Antoine BIKORO a également apporté sa contribution financière pour l’organisation des desdites obsèques.
POUENFOMA Amadou, laisse deux veuves, onze enfants de nombreux petit-fils et arrières petits-fils éplorés et un grand vide qui sera difficile à combler dans le canton Ntoumou Sud 2. Son héritier FIFEN Soulemane ingénieur des travaux des télécommunications, a certes promis de poursuivre l’œuvre de son père.
L’image que l’on peut grader de ce septuagénaire au moment où il tire sa révérence est celles d’un homme honnête et ferme, d’un meneur d’hommes et d’un rassembleur. Sa loyauté vis-à-vis de l’administration dont il était d’ailleurs auxiliaire et son attachement sans faille au Palais des Rois bamoun, lui ont valu beaucoup d’estime. Sous son règne, le bilan et largement positif :
- La construction d’un corps de garde à Akombang pour la tenue des palabres
- Le développement de ce village est devenu une réalité
- Des mosquées bamoun construites
- La cohabitation pacifique entre toutes les tribus installées dans ce village
- Un code de conduite mis sur pied au sein de la communauté bamoun et dont on attend la signature de l’autorisation de son application par le Sous-préfet de l’arrondissement de kyé-ossi, dernier document que le chef a signé le samedi 30 juin 2012 à son domicile à Foumban avant sa mort.
- Un dossier de création d’une école publique à Akombang ficelé et déposé auprès de l’Inspecteur d’Arrondissement de l’Education de Base
- Une adduction d’eau de la communauté bamoun réalisée
- Une bonne organisation de la chefferie faite en tenant compte des composantes sociologiques et des différents rangs sociaux pour la chefferie de village et des représentants des neufs arrondissements que compte le département du Noun pour la chefferie bamoun.
- La paix et l’unité consolidées ainsi que le respect mutuel
Après la mort de POUENFOMA Amadou à l’âge de 74 ans, l’on constate qu’à compter du 06 septembre 2012 dernier, il ya vacance à la fête de la chefferie de troisième degré d’Akombang et même à la tête de la communauté bamoun de kyé-ossi. le sous-prefet de l’arrondissement de kyé-ossi, devrait donc, comme le prévoit le décret N°77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des chefferies traditionnelles au Cameroun, procéder sans délai aux consultations nécessaires en vue de la désignation d’un nouveau chef. Pour ce qui est de la désignation du chef de communauté, cette prérogative incombe exclusivement au Roi des bamoun.
Déjà, l’on observe des remous au sein de la communauté autochtone (ntoumou) de kyé-ossi, dont certains membres, estimant que Dieu a tranché ce problème de chefferie les opposant depuis plusieurs années aux bamoun, sont néanmoins décidés à récupérer celle-ci par tous les moyens. Pourtant, vu le décret cité plus haut, à son article 8, les chefs traditionnels sont en principe choisis au sein des familles appelées à exercer coutumièrement le commandement traditionnel.
Quand on lit l’arrêté préfectoral N°360 du Préfet du ntem d’alors MEKE Lambert Henri, portant désignation de monsieur POUENFOMA Amadou en qualité de chef de troisième degré du village Akombang, groupement ntoumou Sud II, dans le district d’Olamze, arrondissement d’Ambam, décision prise au vu du procès-verbal en date du 28 février 1989 de monsieur le chef de district d’Olamze, après consultation des notabilités coutumières de ce village, on comprend aisément que rien n’avait été fait au hasard sinon, conformément aux textes en vigueur, mais que POUEFOMA Amadou, avait été librement et démocratiquement élu par les populations d’Akombang, constituées aussi bien des autochtones en majorité que des allogènes, sans contrainte ni menace. On est surpris d’apprendre aujourd’hui que la chefferie ntoumou avait été arrachée par les bamoun, au point de remettre en cause ce qui avait été fait par l’administration. Ce qui ravive davantage la haine entre ces deux peuples.condamnés à vivre ensemble. Au lieu de se verser dans de vaines discussions et accusations, il vaut mieux revisiter l’histoire pour savoir ce qui s’était réellement passé car dit-on le plus souvent, « l’histoire est têtue puisqu’il lui arrive parfois de déterrer les morts pour les juger à nouveau ». Tout porte donc à croire que la bataille pour la tête de cette chefferie au cœur du centre commercial de kyé-ossi s’annonce très rude, mais il est tout de même souhaitable que la paix sociale et l’unité soient préservées.
Par MBEMOUN DAYIROU EPARA
Royaumebamoun.com
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