|
08.09.2007
Yaoundé : Un fils du général Esaïe Ngambou retrouvé mort
Le lieutenant de l’armée camerounaise Alain Patrick Ngambou Mfoundi a-t-il été victime d’un accident? Le coup est-il parti seul? Ou bien s’est-il volontairement donné la mort samedi 8 septembre dernier à Yaoundé? A la demeure familiale d’Alain Ngambou, l’on préfère ne pas parler de la question. "Vous dites vous-même qu’il s’agit d’un moment difficile. Comprenez donc que nous ne sommes pas en mesure d’en parler maintenant. Veuillez attendre, s’il vous plaît, que nous ayons la possibilité de dire quelque chose. C’est vraiment difficile, croyez-moi."
L’homme d’âge mûr qui parlait ainsi hier est un membre de la famille Ngambou. Il traduit la grande peine qui marque le visage des visiteurs qui arrivent en un flot incessant, en cette mi-journée de dimanche, où un autel de photographies du défunt les accueille. Des jeunes gens debout devant la belle villa à l’orée de la Cité-Verte, l’ont appelé pour "répondre aux questions d’un journaliste". Mais il ne dira rien qui puisse éclairer les interrogations. Son timbre à la fois sûr et triste peut tout juste laisser penser qu’il pleure plus qu’un fils.
Alain Ngambou, 26 ans, est en effet un militaire frais émoulu de l’Ecole militaire inter-armes de Yaoundé. Le 1er juillet dernier, il venait d’ailleurs de recevoir ses nouvelles épaulettes de lieutenant, assure une de ses connaissances. Et en avril 2006, ce jeune officier avait été nommé au poste de chef de section de la batterie d’instruction à l’Etat-major du secteur militaire terrestre n°2. Bien plus, le lieutenant Ngambou perpétuait une tradition familiale naissante. Son père, le général de brigade Esaïe Ngambou, est en effet le commandant du Cours supérieur interarmes de défense, la grande école de guerre (à vocation régionale) qui se trouve à Simbok, dans la banlieue de Yaoundé. Aussi, parler de la mort de ce militaire ne semble pas aisé pour sa famille ou son entourage. Mais, de source digne de foi, il apparaît que le lieutenant Ngambou se serait donné la mort. Et pourquoi? "Des peines de la vie l’ont poussé à commettre l’irréparable", soutient une connaissance de la famille. Pour autant, la thèse d’un accident court aussi.
La gâchette de l’arme de service de l’officier se serait enclenchée alors qu’il la nettoyait. Pourquoi ne l’a-t-il pas vidée de ses munitions avant de procéder au graissage? A-t-on effectivement trouvé son corps atteint par une balle tirée en pleine poitrine?
L’enquête de police qui devrait tirer au clair cette affaire permettra de répondre à ces questions qui se posaient en d’autres termes il y a exactement deux ans, lors de la disparition d’un autre officier de l’armée camerounaise qui se trouvait cependant au bout de sa carrière. Le colonel à la retraite Joseph Sing et son épouse avaient en effet été retrouvés morts le 18 septembre. Le communiqué paru dans la presse disait qu’ils avaient été assassinés à leur domicile de Tsinga. Mais, rappellera notre enquête d’alors (Voir Mutations du 4 novembre 2005), l’autopsie des dépouilles indiquait que le colonel était mort un jour au moins après sa femme. Créditant la thèse de son suicide.
Jean Baptiste Ketchateng
|
|
|