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14.02.2012
LE NOUN DANS LE TEMPS POLITIQUE, LE TEMPS DES CHOIX UTILES, LE TEMPS DE LA RE - FRATERNISATION
Nous irons tous bientôt voter les députés et les conseillers municipaux. Peut être aussi voterons- nous pour les régionales et les sénatoriales !
J’appréhende le Noun en branle- bas électoral, les uns, avec une forte prise de conscience politique, et derrière eux un leader- qu’on le veuille ou non- charismatique ; les autres, en zombis désabusés, déambulant sans boussole, ou alors carrément sans leader rassembleur ou seulement faisant une unanimité morale autour de lui.
Ceci est le constat que je fais des deux forces politiques en présence dans le Noun : l’UDC et le RDPC.
L’élection présidentielle a été l’occasion pour le RDPC de remonter la pente et de prendre à l’UDC des positions stratégiques qu’elle occupait depuis vingt ans.
Mais l’issue de l’élection présidentielle a surtout mis en exergue les profondeurs abyssales qui séparent le leader de l’UDC de l’atteinte d’un destin national.
Conscient de cela, le leader de l’UDC nourrissait depuis longtemps des alternatives stratégiques : recherche d’alliance gagnante avec d’autres leaders de l’opposition, et renforcement du leadership dans le Noun devant servir de monnaie d’échange pour toute négociation avec le pouvoir. D’aucuns auraient souhaité qu’à l’occasion l’UDC renonçât à sa candidature, et qu’au nom d’un certain intérêt du Noun, ce parti choisît de soutenir Paul Biya. Balloté entre le rêve présidentialiste et le retour à une alliance gagnante avec le RDPC, le leader de l’UDC a joué pour une voie médiane, celle de gagner massivement dans le Noun,- ce qui n’a pas été le cas- et d’offrir ce résultat comme droit d’entrée au gouvernement des Grandes Réalisations. Ne fallait-il pas simplement ne pas se porter candidat et soutenir Biya à l’instar d’autres afin de tout rafler ? Rafler un ou plusieurs postes de ministres, et rafler le mythe de grand leader indomptable dans le Noun, réconciliateur des Bamouns avec eux-mêmes ?
Et le RDPC dans le Noun ! Les chefs de file de ce parti sont allés cahin-cahan vendre l’espoir d’une renaissance de la prospérité du Noun avec la victoire de Paul Biya. Ils Sont allés sans grande cohérence, déjà trop sûr de gagner, dopés par la masse de défection dans le camp adverse. Trop préoccupés à mettre les battons dans les roues les uns les autres, et à monter les sponsors à coup de délation, ils ont ruinés les chances d’une action collective qui rassemble, remotive les troupes et renforce l’espoir. Les chercheurs de postes, au lieu et place de l’intérêt général, n’ont pas eu de postes. Les sponsors hâtifs, méconnaissant les réalités du milieu, ont été déconsidérés et ont perdu leur pouvoir moral. Le camp du RDPC a reçu une douche froide et, hélas, continu à se perdre en diffamation, en délation, en dénonciation honteuse et en retranchement dans des clans qui s’épient et se haïssent copieusement. Il faut louer ici les efforts de quelques un qui tentent de rapprocher les factions rivales, que dis- je ennemies. Tel est le visage du RDPC dans le Noun à la veille des municipales et des législatives.
Dans le camp de l’UDC, c’est moins le charisme du leader qui rassemble que l’intérêt bien compris des acteurs de ce parti. Ils n’ont d’autre issu que de se réconcilier entre eux et d’aller à la reconquête des positions qu’ils occupent dans le Noun depuis vingt ans. Ils sont jusque- là majoritaires dans les mairies. Ils rêvent de reconquérir tous les postes de députés, chacun poursuivant son intérêt intime, la stratégie partisane leur facilitant l’accession à leur rêve face au RDPC désorganisé et sans chef de fil réel ou engagé résolument. Pourtant, aujourd’hui, le RDPC en tant que parti au pouvoir, en tant que chemin d’un nouvel espoir pour le Noun après les échecs répétés du ‘’frères’’ aux différentes présidentielles, pouvait transformer l’essai de la présidentielle en succès populaire lors des échéances à venir. Oui, si l’individualisme, et la célébration de l’égo ne prenaient pas le pas dans ce camp sur l’intérêt général et l’action collective.
Par-dessus tout, et pour la campagne future, épargnons le Noun de combats rangés, ne ressuscitons pas les querelles d’antan, celles qui ont déchirés hier nos familles. Cessons de nous inventer des légitimités historiques contraires à la vérité de l’histoire du Noun. La grandeur du Noun c’est son histoire et sa culture plusieurs fois centenaires qui font l’honneur de tous les Bamouns, sans exception de chapelle politique, l’histoire et les coutumes du Noun qui font partie du patrimoine national du Cameroun, toute chose faisant du Noun une destination touristique enviée.
Oui la politique politicienne doit cesser de déchirer les ressortissants et enfants d’une même grande famille. Dans cette famille, illustre pour son histoire connue au-delà des frontières du Cameroun, et qui fait la fierté de notre pays, il n’y a ni esclaves, ni princes. Épargnons-nous ici tout formalisme sociologique. Nous constituons une grande famille avec des modes de relations où l’on reconnait des ainés et des cadets. Le roi n’est que le représentant coutumier de cette grande famille et gardien tutélaire de sa tradition. Indépendamment de ses choix politiques légitimes, il doit avoir son palais ouvert au peuple, être disponible pour son peuple, ce, dans la vie quotidienne de tous les jours, dans les représentations des images et traditions sociales, tout ce qui se rapporte à la manifestation de nos us et coutumes et que nous avons en partage en tant que Bamoun.
Nos engagements politiques, nos appartenances aux différentes chapelles politiques ne devraient pas nous faire oublier que nous sommes avant tout frères et sœurs, que le seul intérêt véritable pour nous tous, c’est la prospérité de notre département. Les chapelles religieuses ne nous ont pas séparés, pourquoi devrons-nous être séparés à cause de la politique ? Les scènes honteuses des gens qui ne se fréquentent plus, des Bamouns qui s’épient, qui se soupçonnent, ne devraient plus avoir lieu. Où que nous soyons ayons en conscience l’intérêt supérieur du Noun. Ne perdons jamais le sens de l’intérêt collectif. Abandonnons nos ego et démultiplions nos efforts pour montrer à la jeunesse le chemin de l’action pour le développement, le sens de l’initiative. Invitons-les au culte de l’effort et à l’attachement à l’intérêt commun. Ne les instrumentalisons pas. Ne les utilisons pas pour assouvir nos haines.
Quand Dieu choisit quelqu’un d’entre nous, que celui - là devienne assez modeste pour être au service des autres, rien que par sa courtoisie, sa disponibilité, son sens de rassemblement. Acceptons sans rancœur, sans dérision, sans complexe, ce choix de Dieu, et travaillons ensemble. Personne n’a la destinée de ministre….Nous avons tous la destinée de vivre ensemble, et de nous supporter, et de nous soutenir, plus que jamais, de combattre en nous la tendance au mensonge, à la délation, à la médisance, à la jalousie, au dénigrement, à la dérision, à l’égocentrisme.
Maintenant que nous savons vivre en toute civilité, en toute fraternité, chacun ou chacune pourra en toute liberté faire son choix politique. Mais de grâce dessinez le portrait robot de nos conseillers municipaux, de nos futurs députés en fonction de l’éthique de bonne mœurs, de savoir vivre, de capacité de défense des intérêts de nos localités respectives et du Noun. Faites vos choix en fonction des réalités présentes, en fonction des pesanteurs politiques et économiques dans notre pays. Une bonne politique qui veut le bonheur des populations qu’elle entend représenter doit tenir compte de ces réalités, facteurs primordiaux de nos choix.
C’est au nom de ce réalisme politique que je continue à croire, dans le respect du choix des autres, que ma chapelle politique RDPC est la bonne pour emmener les Bamouns à la prospérité, pour les sortir de la précarité, pour ouvrir les portes de l’avenir à notre jeunesse déboussolée. Conscient de la mission si noble de ce parti pour notre département, je prie les représentants du RDPC dans le Noun de mettre au placard leurs querelles sempiternelles, et de s’unir très vite autour des idées fondatrices de l’action collective. Le temps politique aujourd’hui, c’est le temps de réflexion autour des candidats capables d’arracher les fonctions acquises par l’adversaire politique dans un esprit fair-play. C’est dès maintenant que ceux qui se savent représentants du RDPC dans le Noun doivent ranger au placard tout ce qui les sépare, au nom de notre Département, pour se retrouver à l’idée de composer pour un bon profil de nos candidats aux municipales et à la députation. Sans de bons candidats pas de résultat honorable, et la remontée d’hier avec la présidentielle sera un lointain souvenir. De même sans l’entente des meneurs de la troupe du RDPC, les autres vous dameront les pions et vous aurez détruit l’espérance du Noun.
Mes chères frères et sœurs en Noun, ce sont là quelques idées qui traversent mon esprit nostalgique. Je suis loin de vous, mais je cherche à provoquer en vous cette nécessaire réflexion pour un réveil à la conscience de ce que nous sommes: une même famille; de ce que nous avons à faire plus que tout : porter le Noun vers un avenir prospère, dans ce Cameroun que nous aimons tant.
Voici encore le temps politique, le temps de choix utiles, le temps de rassemblement, le temps de l’action, mais surtout le temps de la re-fraternisation. /.
Dr H.KOMIDOR NJIMOLUH
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