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27.09.2011
Décryptage: Comment comprendre la vision religieuse du Sultan Ibrahim Mbombo Njoya
Le 10 septembre 2011, l’esplanade de la grande mosquée départementale de Foumban abritait l’assemblée générale constitutive du Beithoul Mahl. Au-delà de la forte mobilisation des fidèles musulmans, venus des 9 arrondissements du Noun, de nombreuses villes du Cameroun et hors des frontières, cette rencontre avait le mérite d’être la manifestation de la parole tenue et de l’engagement du roi des Bamoun.
En effet, El Hadj Ibrahim Mbombo Njoya, guide religieux incontestable dans le Noun, venait ainsi de joindre l’acte à la parole tenue lors de la célébration de la prière de fin de Ramadan le 31 aout 2011 au mont de la Piété. Le roi des Bamoun mettait donc fin, et de façon solennelle, à la dédaigneuse campagne de désinformation et de désintoxication entretenue par une frange de populations, en quête de notoriété perdue, et claironnant la division et le détournement vis-à-vis des grandes réalisations au nom du Très Haut, en convoquant cette assise tant attendue.
Au lendemain de cette assemblée générale, le roi des Bamoun n’aura certainement pas connu une satisfaction des plus totales. Que non ! Lui-même dans son discours d’ouverture martèlera toute sa déception par rapport au niveau de réceptivité et d’action des fidèles. Une déception qui, cependant, ne saurait prendre le dessus sur l’engagement, la ténacité, l’ardeur et la motivation qui sont celles du roi des Bamoun. Ainsi, la cagnotte de 58 millions aura été un début certes, mais une maigre moisson pour une communauté qui représente près de 85% des populations du Noun. Mais en soi, cette avancée, effaceur des faux pas et autres trébuchements inhérents à tout nouveau projet, est avant tout, et c’est le moins qu’on puisse saluer, la manifestation d’une vision.
En effet, dès son accession sur le trône de Nchare Yen en 1992, Ibrahim Mbombo Njoya a déjà à l’esprit de construire son monument au panthéon de l’histoire…religieuse du royaume. Sur les traces de son grand père, le roi Njoya Ibrahima qui introduisit l’Islam dans le royaume dans les années 1894, ou de son feu père El Hadj Njimoluh Njoya Seidou qui inaugura le chemin du pèlerinage à la Mecque, Ibrahim Mbombo Njoya bâtit sa vison religieuse sur l’application du 3e pilier de l’Islam la Zakat sous toutes ses formes avec comme corolaire un soutien substantiel au démunis et la construction des infrastructures sociales.
L’armature de cette vision de décline donc par la mise en place du Beithoul Mahl, une instance socio économique religieuse qui permettra de centraliser les fonds collectés au près des fidèles croyants vers les nécessiteux et les réalisations sociales comme les écoles, centres de santé, pour le bien être communautaire. Dans cet élan, le roi des Bamoun, président du Conseil supérieur Islamique du Noun, instaurera une quête symbolique de 100frc Cfa par personne et par mois pour constituer cette caisse d’aide et d’actions. La justesse de cette politique s’avère donc suffisamment qui souple et efficace, invite tous les musulmans à se sentir motivés et contribuer vigoureusement afin de donner corps à cette intention. L’attachement du roi à la cause, somme toute noble, du démuni et du changement du statut du « musulman facteur absorbant», pour faire de lui un acteur de premier plan de la vie socio-économique de la cité est une obsession forte, une ambition valeureuse, une contribution énergique dont les retombées sont éminemment positives et salutaires.
Dans l’acception de cette vision qui vise, au-delà de tout, le bien être de l’homme, le roi des Bamoun aura donc balisé le chemin en indiquant par exemple que les démunis, grâce au Beithoul Mahl, puissent aller à la Mecque et consolider leur foi musulmane, parce que vivant dans une société où l’entraide est agissante, où le partage est au cœur des cœurs, où les valeurs humaines sont promues et guident les pas des uns et des autres.
Du dialogue interreligieux
Et comment ne pas se hâter à soutenir sans scrupule cette initiative, surtout lorsque le socle de cette vision est la paix et le dialogue interreligieux. Car, la reluisante image d’un roi, père des enfants, assistant à la messe un 24 décembre chez les siens catholiques, ou communiant, par amour fort et vif avec ses fils et filles protestants un 25 décembre, déclame la force du dialogue interreligieux qui se transpose du terrain de l’action et fait du Beithou Mahl par exemple, une affaire de les religions monothéistes et non pas seulement celle des musulmans. Les Bamoun ayant connu une spécificité unique au plan national d’être un peuple mixte sur le plan religieux. Car aucune famille Bamoun n’est composée des musulmans exclusivement ou des chrétiens entièrement.
Cette particularité à la fois émanation de la volonté divine et manifestation du miracke divin tient à cœur le sultan Ibrahim Mbombo Njoya qui a un penchant pour le dialogue entre les religions, la coexistence pacifique du peuple Bamoun sans considération des barrières religieuses. D’ailleurs, l’histoire relève que la célèbre reine Njapndounké mère du roi Njoya Ibrahima par qui l’Islam a pénétré le royaume Bamoun, était une femme chrétienne. Le sultan Mbombo Njoya pour marquer cette syncrétisme religieux, maitrise plusieurs chants dans les cantiques chrétiens et entonne souvent fièrement, de son ton grave quelques unes de ces chansons à chaque fois qu’il se retrouve parmi ses fils chrétiens.
Cependant, le paramètre de la religion a souvent été instrument politique pour beaucoup. Ainsi, le débat chrétien/musulman dans le cadre des nominations à des postes au sein du gouvernement ou autres par exemple a souvent fleuri. Les affinités politiques pour certains, ont souvent comme facteur déterminant mais moins dominant l’appartenance à telle ou telle religion.
Dans ce contexte, les Bamoun, dans leur large majorité, sont jaloux de cette cohésion et ont conscience du souci de leur roi à fédérer toutes les forces quelles que soit l’appartenance religieuse. Les croyants ont donc l’impérieux devoir de soutenir cette action, qui se dresse fièrement comme fédérateur des énergies, vecteur de développement, instigateur de l’amour et du partage, moteur de la vraie religion. Ainsi, allons-nous rendre un hommage appuyé au 19e roi des Bamoun 20 ans après son accession au trône. Les musulmans devront prier pour que ce 20e anniversaire lourdement chargé arrive, et pour que leur guide fasse encore 20 autres années avec entrain et opiniâtraité. Inch’Allah !
Azize MBOHOU
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