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22.09.2011
Conflit tribal. Bamouns et Bamilékés à couteaux tirés
Des personnes présentées comme originaires de l’ethnie bamiléké et vivant dans l’arrondissement de Foumbot seraient persécutées. Elles ont manifesté pour interpeller le patron de la région.
Les services du gouverneur de la région de l’Ouest à Bafoussam ont été pris d’assaut mercredi dernier, 14 septembre 2011, par une centaine de personnes, venues du village Momo, une localité de l’arrondissement de Foumbot dans le département du Noun. Elles manifestaient pour exprimer leur mécontentement face aux agressions dont elles se disent victimes depuis des semaines. Une situation qui, selon, Germaine Miaffo, enseignante à Bafoussam et originaire de Momo, s’est accentuée le week-end passé avec l’enregistrement de nombreux cas de viols, de vols, d’agressions et de pillages. D’ailleurs, les messages brandis par les manifestants mobilisés devant les services du patron de la région de l’Ouest en disent long sur la nature desdites exactions. C’est ainsi que Denise Magne, la soixantaine entamée, se trouve actuellement internée à l’hôpital protestant de Mbo à Bandjoun.
Samuel Ivaha Diboua, gouverneur de la région de l’Ouest, a tenu une réunion pour résoudre ledit conflit. En clair, il a exigé aux différentes parties de respecter les clauses de la séance de travail tenue le lundi 22 août dernier sous la présidence du préfet du département du Noun. Il est question pour les sept chefferies bamiléké basées sur « la rive gauche du Noun » d’effacer l’épithète d’ « autonomes » dont ils semblent se prévaloir. De même les transactions foncières à titre gratuit ou onéreux sont interdites dans cette partie de l’arrondissement de Foumbot. Il a aussi été interdit aux « groupes armés bamoun » d’y effectuer des descentes. L’installation de nouvelles personnes, notamment les Bamoun chassés de l’arrondissement de Bafoussam IIè (Baleng)sur le site en question, devraient se faire après l’accord d’une commission d’arbitrage placée sous du sous-préfet de l’arrondissement de Foumbot.
Bagarres
Rappelons que le déclenchement des hostilités visant les populations originaires de l’ethnie bamiléké remonte au mois mars 2011. A la suite d’une visite effectuée par le sultan Ibrahim Mbombo Njoya, roi des Bamoun dans la zone, un certain Mefiré Soulé va reprendre le bâton de représentant du monarque de Foumban dans le coin. Sans passer par quatre chemins, celui-ci dénie l’autorité des sept chefs traditionnels de 3e degré bamiléké de la localité. Face à la résistance de ceux-ci, les agressions se multiplient : destructions des plantations et agressions physiques. Les différentes interventions des autorités administratives locales s’avèrent vaines.
La particularité de ces sept chefferies logées à la rive gauche du département du Noun est d’être peuplée depuis au moins 80 ans, par des familles dont les membres sont originaires de l’ethnie bamiléké. Historiquement, certains affirment qu’en guise de récompense à ses alliés Bamiléké l’ayant aidé à repousser une invasion peuhle, un sultan bamoun avait invité les communautés desdits villages à venir occuper la rive gauche du Noun. C’est ainsi que naquirent respectivement la chefferie de Bafoussam II, de Bandjoun II, de Bamougoum II, de Bangou II, de Baméka II, de Batoufam et de Baham II.
Bien que géographiquement implantées dans le Noun, lesdites collectivités dépendent traditionnellement des chefferies souches, situées à la rive ou au-delà de la rive droite du Noun. Et non soumis à l’autorité du sultan comme les autres chefferies du Noun. Tout porte à croire donc que les racines dudit conflit tribal partiraient du non respect d’un pacte conclu avant l’indépendance du Cameroun.
Guy Modeste DZUDIE
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