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07.08.2008
L´EDUCATION DE BASE CHERCHE SES REPERES A KOUOPTAMO.
Selon le maire de la commune, le secteur de l’enseignement primaire et maternel y est sinistré. Interpellée, Haman Adama promet son soutien, de même que des opérateurs économiques de nationalité française qui y exploitent de vastes domaines agricoles.
Ecole sous l’arbre
Le visiteur qui se balade à Kouoptamo n’a point besoin d’effort pour s’apercevoir que l’éducation de base y est sinistrée, en matière d’infrastructure. Pour le compte de cette année 2008, le ministère de l’Education de base (Minedub) a classé 22 des 54 écoles primaires et maternelles de l’arrondissement de Kouoptamo parmi “ les écoles les plus nécessiteuses du Cameroun ”. Autre cliché traduisant cette précarité, l’inspection de l’enseignement primaire et maternel de cette unité administrative ne dispose pas de siège. Elle est logée dans l’enceinte de la principale école publique du centre urbain de Kouoptamo, dans une salle de classe à l’architecture défectueuse.
De manière générale, il existe un contraste énorme entre l’école publique de Njimbambelé et les autres 53 écoles primaires et maternelles de l’arrondissement de Kouoptamo dans le département du Noun. Le bâtiment (de deux salles de classe) de la nouvelle école inaugurée le samedi 19 juillet 2008 par Madame Haman Adama, ministre de l’Education de base a été construit grâce au financement des ressortissants français (Jacques et Patrick Desplaces), opérant dans le secteur de l’agriculture. Ils l’ont remis à l’Etat du Cameroun. D’où sa consécration comme école publique par un arrêté signé le 16 juillet dernier par le Minedub. Pour l’instant, ses murs brillent et ses bâtiments constituent le reflet parfait des normes de l’architecture moderne en matière de construction des salles de classe. Elles sont spacieuses et aérées. Alors que des structures telles l’école publique de Bankouop, dans le même arrondissement inspire la pitié. A cause de l’état de délabrement avancé des bâtiments. A en croire Abdou Nyamsié, maire de la commune de Kouoptamo, les écoles publiques de Buea, Koucchourou, Kounden, Ngbetsouen II, Kouncha, Koupara, Njissen, Nkoungoum-Njingoumbé, Ngambouo II et l’école bilingue de Kouoptamo affichent elles aussi une mine triste. Pour cette autorité municipale, il est important que le Minedub intègre le financement de la construction et l’équipement desdites écoles dans le cadre du budget d’investissement public des années à venir. En attendant, les habitants de Kouoptamo saluent la récente prise en charge par l’Etat des écoles des parents de Njognom, Kouomboum, Sanka, Nkouonja-Njitapon. Un coup de pouce que le Minedub entend renforcer dans les jours à venir en nommant des directeurs dans les anciennes écoles des parents cités plus haut, ainsi qu’à l’école publique de Njimbambelé. Du côté de la mairie de Kouoptamo, le chef de l’exécutif municipal a pris un ensemble de mesure pour contribuer à l’amélioration des infrastructures des établissements scolaires du coin. Huit salles de classe reparties dans quatre écoles ont été ainsi construites dans le cadre du Programme national de développement participatif. La distribution des tables bancs et des tôles à quelques écoles construites en matériaux provisoires rentrent dans le sillage de cette contribution municipale.
Déficit en enseignants qualifiés
En attendant les statistiques de l’examen du Certificat d’aptitude primaire (Cep) pour la session de juin 2008, la majorité des populations de l’arrondissement de Kouoptamo continue à se réjouir du fait qu’en 2007, leur contrée avait été classée première du département du Noun. Cependant, M. Aboubakar, enseignant à Kouptamo, pense que cela ne devrait pas être l’arbre qui cache la forêt. “ Des efforts sont faits par les pouvoirs publics. Mais nous ne sommes pas prêt de sortir de la précarité. Le salaire que les maîtres des parents reçoivent ne saurait leur permettre de subvenir convenablement à leur besoin. Ils vivent dans un climat d’insécurité. Pendant les vacances, il est difficile de prédire si à la rentrée prochaine on verra les mêmes enseignants. Car ils sont toujours tentés d’abandonner. Parce que ça ne va pas”, se plaint-il. Une complainte similaire est portée par Aminatou, une parente d’élève. “ Aujourd’hui, plusieurs personnes ont compris qu’il est important d’envoyer les enfants à l’école. Mais nous sommes choqués de constater qu’ils sont moins encadrés que ceux qui fréquentent dans les établissements de la ville. Il y a des écoles ici où un maître ou le directeur se trouve obligé de suivre plusieurs classes à la fois ”, complète-elle. Cette récrimination s’appuie sur les statistiques qui révèlent que les 9 133 élèves des établissements publics de cette collectivité sont encadrés par 52 maîtres d’état. Ce qui fait un ratio d’un instituteur pour 178 élèves. D’où le recours massif aux maîtres des parents, généralement sans qualification.
Controverse autour du don des agriculteurs français
“ Je vous exhorte à l’utilisation rationnelle et efficiente de ce joyau, qui ne saurait se confondre à un rachat des difficultés et malentendus qui ont précédé l’installation de ces investisseurs dans notre localité qui, à n’en point douter, a causé des dommages à certains d’entre nous.” Cette mise au point contenu dans le mot de bienvenue du maire de la commune de Kouoptamo à l’occasion de l’inauguration du bâtiment de deux salles de classe constituant l’école publique de Njimbambelé, traduit le climat de méfiance qui existe entre les populations de Kouoptamo et lesdits opérateurs économiques. Certains observateurs soulignent que c’est pour éviter tout débordement que les organisateurs de cette manifestation ont déployé toute une artillerie afin que le sultan des Bamoum, Sa Majesté Ibrahim Mbombo Njoya, se trouve en personne sur le site de cette nouvelle école le jour de son inauguration. Autre présence significative en ce lieu était celle de l’Ambassadeur de France au Cameroun.
En dépit de cette mobilisation, les populations bénéficiaires considèrent ce don comme une manœuvre de corruption orchestrée pour les distraire. Car hormis les litiges fonciers existant entre les riverains des plantations de Njimbambelé et la famille Desplaces, les deux camps s’affrontent aussi sur les conditions de vie et de travail des fils du coin employés dans les exploitations agricoles en question. Cette supposition est contredite par les donateurs Jacques et Patrick Desplaces. Ils disent entretenir des liens séculaires avec l’ensemble des habitants de Kouptamo. “ Nous avons construit cette école parce que nous voulons contribuer au développement de notre village. Nous sommes conscients qu’il faut combattre pour faire reculer l’ignorance au sein des populations de notre contrée ”, indique Patrick Desplaces. Tout en appelant les populations de Kouoptamo ses “ frères ”, ce Français promet qu’ils vont continuer à s’investir pour rendre l’école publique de Njimbambelé fiable. L’installation pour exploitation à titre gratuit d’un moulin à maïs communautaire à Kouoptamo figure aussi sur le registre des projets des agriculteurs français, qui sont prêts à faire feu de tout bois pour leur intégration dans la région.
Par Guy Modeste DZUDIE, à Kouoptamo
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