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06.12.2020
FOUMBAN peut-elle se construire en détruisant ses institutions traditionnelles? Par Dr FOUAPON.
Après près de 60 ans d´indépendance, nos sociétés restent toujours dans l´impasse et n´ont pas réussi à se tracer une voie singulière entre tradition et modernité postcoloniale. L´exemple de FOUMBAN, avec une mairie de moins de 50 ans d´histoire qui exalte la République et demande au Royaume de plusieurs siècles d´histoire de disparaitre.
Comme le disait J-M ELA, Dès lors, dans les sociétés sans histoire, seul un apport des "sociétés prométhéennes" permet de briser le rêve du temps où il n´y a rien de nouveau sous le Soleil. Vouloir à plusieurs reprises justifier la suprématie de la mairie sur le royaume par les interventions "modernistes" de l´Occident " civilisateur"; qui aurait mis fin au nombril de la civilisation Bamoun "primitive" au profit de la République, nous rappelle amèrement l´œuvre des théoriciens de la mentalité primitive, les administrateurs coloniaux, les instituteurs ou missionnaires nourris par l´hégémonie de la culture du maître.
On sait aujourd´hui que le mythe d´un royaume banni au profit de la République, renvoie au mythe d´un nègre sans histoire longtemps entretenu par un appareil idéologique de la domination coloniale. Un fait est acquis : loin d´être en marge du progrès des lumières, le royaume Bamoum a rayonné depuis le XIVe siècle, jusqu´aux multiples tentatives de son bannissement par l´administration coloniale française.
De façon générale, plusieurs recherches démontrent que la précarité économique ainsi que l´aveuglement politique de l´Afrique sont les résultats d´une décolonisation truquée et des indépendances confisquées. La décolonisation qui se voulait un processus inverse de revalorisation des cultures et traditions locales ancrées dans les institutions adaptées aux cultures endogènes, s´est réduite à un sordide transfert de pouvoir aux "sous-préfets" de la métropole et à l´importation des institutions politiques et économiques du maître qui s´est arrangé à se maintenir dans les imaginaires et les institutions.
S´attaquer continuellement à la culture Bamoum, ne saurait faire grandir la vision politique et du développement d´un parti politique, au contraire, cette attitude consolide ceux qui pensent que le colonisateur est parti mais reste présent partout et en tout. La décolonisation qui reste inachevée est un moment important de la modernité certes de nos institutions, mais pas la perpétuité de la théorie coloniale dans la postcoloniale.
Cette guerre des égos ne profitera en rien au peuple Bamoum. La sagesse consiste à être modéré dans les rapports de force. La Collaboration entre les institutions traditionnelles et Républicaines ne relèvent pas d´une quelconque faiblesse politique de part et d´autre. Le Royaume n´est pas un parti politique et le Roi reste Roi malgré ses choix politiques. Les peuples qui résistent pour se projeter dans l´avenir et avoir une place dans la République, tirent leurs énergies et forces de leurs institutions traditionnelles. La Mairie est certes stratégique pour le développement local, mais sur le plan géopolitique, le royaume restera la principale force du peuple Bamoum. Ne le touchez pas.
Lareni nė nfon biēra pamoum
Dr FOUAPON
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