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08.03.2019
DISCOURS MÉMORABLE DU ROI NJOYA SUR LA TOLÉRANCE: Y-a-t-il encore des cœurs pour y méditer ?
[ ...dans la matinée du 12 mars 1931, sur ordre du gouverneur, un peloton de tirailleurs vient encercler le poste administratif. Une grande effervescence s´empare de la population qui veut s´opposer par les armes à cette humiliation du monarque (sa déportation). En face de cette foule armée et prête à se battre, le roi Njoya, avec un calme qu´on avait rarement vu chez lui, s´adresse à la population en ces termes :
"...j´ai succédé à mes pères qui ont régné suivant nos coutumes, avec leur sagesse, et, quelquefois en utilisant la force et en faisant couler le sang. Moi-même j´ai agi de la sorte; quand il le fallait, j´ai utilisé la force pour me faire craindre. Devenu musulman convaincu, j´ai appris qu´Allah veut que l´on règne dans l´amour du prochain, car lui-même est amour.
"... J´ai abandonné ce que j´ai hérité de mes pères, la façon de gouverner, et ai demandé pardon à Allah, d´abord pour eux, et ensuite pour moi-même. Si l´un d´entre vous, ou de ceux qui viendront après moi, reprend encore les actes odieux, entraînant l´effusion de sang, que la malédiction soit sur lui.
"...beaucoup de sang Bamoun a été versé au cours des guerres civiles de Gbetnkom Ndombouo et de Njindou. J´interdis tout acte de violence et d´effusion de sang; je m´en remet à la volonté d´Allah, le Dieu en qui j´ai cru, et vous demande de vous recueillir dans la piété islamique..."
Après avoir prononce ce discours devant la population émue, le roi Njoya suivi entre autres par Seidou Njimoluh remet sa pipe et sa tabatière à ce dernier avant de monter en voiture. Partant pour une destination finale inconnue, le cortège se dirige vers Dschang, d´où il partira pour Yaoundé. Ce sera le lieu d´exil d´où le roi ne reviendra plus vivant. Astreint à y résider, Njoya y finira ses jours le 30mai 1933 à l´âge de 66 ans...]
"De Njoya à Njimoluh, 100 ans d´histoire Bamoun."Page 61
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