Ingénieur Agroplanifiacteur et digne fils du Noun, le Coordonnateur du Projet de Développement Rural du Mont Mbappit se livre sur l’état d’avancement des activités de cette institution que le Gouvernement Camerounais et la Banque Islamique de Développement ont mis en place dans le Département du Noun.
Quel est l’état d’avancement de la mise en œuvre du Projet de Développement Rural du mont Mbappit ?
La mise en œuvre du Projet de Développement Rural du Mont Mbappit avance assurément depuis son lancement en octobre 2006. Dans toutes les rubriques du Projet, nous avons sérieusement avancé. Dans la composante « Développement des infrastructures » qui est la plus importante de notre programme d’action, les études d’Avant Projets Détaillés sont en cours. Elles portent sur les travaux d’aménagement des bas – fonds et de réalisation des infrastructures socioéconomiques et sont menées par un Cabinet Ivoirien dénommé Bureau National d’Etudes et de Développement en abrégé BNETD. Recruté sur appel d’offres et installé dans ses fonctions le 1er Octobre 2008 par le Vice – Premier Ministre, Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, ce Consultant International est à l’œuvre pour nous assister dans la préparation des schémas techniques des diverses infrastructures et l’élaboration des dossiers d’appels d’offres que nous comptons lancer d’ici le mois de janvier 2009. Ainsi, nous aborderons le dernier tournant qui mène à la réalisation des investissements majeurs dont le PDRM entend doter le département du Noun aux fins d’y améliorer la production et les revenus agricoles, optimiser la sécurité alimentaire et réduire conséquemment la pauvreté.
Dans la composante relative à la sensibilisation, l’animation, la formation des bénéficiaires et la vulgarisation agricole, nous avons beaucoup évolué dans la réalisation des activités prévues. Nous avons assez travaillé dans la sensibilisation et l’information de nos communautés cibles, des autorités et des autres acteurs locaux qui ont bien compris les orientations du projet. Par ailleurs, nous avons marqué un pas décisif dans l’organisation des paysans que nous accompagnons au sein de diverses structures qui épousent la dynamique impulsée par notre projet. Avec le précieux concours de la Direction du Développement Local et Communautaire du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural qui est actuellement sur le terrain, nous avons déjà mis en place et formé à toutes fins utiles les Comités de Gestion des parcelles dans les bas – fonds, les Comités de Gestion des Intrants et Equipements Agricoles et les Comités Villageois de Développement. Nous avons aussi élaboré une quinzaine de Plans de Développement dans les localités que nous couvrons. Dix autres Plans de Développement sont actuellement en chantier.
En ce qui concerne le volet consacré à l’approvisionnement en intrants et équipements agricoles, nous aurons bientôt achevé la seconde campagne agricole auprès des paysans des bas – fonds que nous encadrons et renforçons. Au seuil de la campagne agricole de 2008, nous avons appuyé 1 134 producteurs en intrants et équipements agricoles pour un montant total de près de 100 000 000 Fcfa. Les bénéficiaires qui ont mis en terre une quinzaine de spéculations vivrières et maraichères sur une superficie totale de 249 hectares ont reçu cette dotation à crédit pour constituer définitivement un fond tournant dans leurs localités respectives.
Un an plutôt, au cours de la campagne de 2007, nous avons accompagné nos paysans avec succès dans leurs activités de production agricole, notamment
la culture du riz dans le bas – fond du Mont Mbappit. C’est donc dire que le Projet de Développement Rural du Mont Mbappit est résolument à l’œuvre et progresse sérieusement dans la mise en œuvre de son programme d’action.
Quels résultats avez-vous obtenus autour des principales activités menées
jusque là ?
Jusque là, les paysans des bas – fonds où nous intervenons dans les quatre arrondissements du Noun que sont Foumbot, Koutaba, Malantouen et Bangourain ont bien compris les orientations du Projet Mont Mbappit. Ce qui nous permet de bénéficier d’une adhésion satisfaisante de ces principaux bénéficiaires du Projet qui affichent un engouement suffisamment encourageant. De leur côté, les autorités locales et les autres acteurs qui ont leur place dans la dynamique enclenchée sont bien imprégnés. Aussi – nous apportent – ils leur précieuse collaboration et leur contribution.
Sur un tout autre plan, nous pouvons révéler les résultats obtenus à l’issue de la campagne agricole de 2007 en attendant la clôture de celle de 2008. Dans la plaine de Ngoudoup située le long du bas – fond du Mont Mbappit qui est à cheval entre les arrondissements de Koutaba et de Foumbot, les paysans ont produit sous notre encadrement, 140 tonnes de riz paddy sur une superficie de 21 hectares. Le rendement moyen obtenu a été de l’ordre de 7 tonnes à l’hectare avec des pics de 10 tonnes. Ce qui est bien satisfaisant. Cette activité pilote qui a engagé 128 producteurs devrait permettre, selon nos calculs, de dégager après les ventes une masse monétaire de 19 500 000 Fcfa environ. Qu’à cela ne tienne, nous pouvons noter que grâce à cette campagne, les populations du Noun se sont rendues compte qu’on pouvait bien produire du riz dans leur département. Une réalité qu’elles ont accueillie avec beaucoup de joie.
En 2007, les paysans que nous accompagnons dans le bas – fond du Mont Mbappit ont également produit, à titre pilote, 7.5 tonnes de semences de maïs sur une superficie de 2 hectares. Soit un rendement bien édifiant de 3,75 tonnes à l’hectare. Les semences de maïs ainsi produites ont répondu aux besoins en semences de tous les bas-fonds pour la campagne agricole de 2008.
Au-delà de ces résultats préliminaires obtenus dans la production agricole, il convient de préciser que le plus important est à venir. La plus grande composante du Projet Mont Mbappit se rapporte à l’aménagement des bas – fonds et à la construction des infrastructures socio - économiques qui prendront bientôt corps à travers le Noun.
De 2007 à 2008, vous êtes passés de 21 à 114 hectares de superficies de culture de riz. Bien plus, vous avez introduit cette spéculation à Gbakoup dans le Bas – fond du Mont Mbappit et à Koutoupki dans l’arrondissement de Bangourain. Pourquoi cet accent particulier que vous mettez sur la production rizicole ?
Vous convenez avec moi que nous sommes en train de traverser un stade difficile marqué par une crise alimentaire crise alimentaire inédite à travers le monde. Le coût du riz importé sur nos marchés s’élève à 21.000 FCFA pour un sac de 50 Kg. A cette allure, c’est toute la population qui est menacée par l’insécurité alimentaire. Pour contrecarrer cette tendance et rentrer en droite ligne des objectifs que le Projet Mont Mbappit s’est donné de lutter contre la pauvreté et d’améliorer la sécurité alimentaire, nous avons donc mis l’accent sur la production rizicole. Quelques bonnes raisons militent en faveur de cette option. Le département du Noun présente des potentialités de production de riz qui avoisine les 10 tonnes à l’hectare. Le riz est par ailleurs une denrée de haute consommation dont la culture peut considérablement accroitre les revenus des paysans du Noun et contribuer ainsi à la lutte contre la pauvreté. Figurez-vous que dans ce domaine, les regards de la communauté nationale et même internationale sont aujourd’hui rivés sur notre département. A ce propos, nous avons pris part à un séminaire sous –régional organisé à Yaoundé en marge du tout dernier sommet de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale. Au cours de cette assise, l’exposé que nous avons présenté sur l’expérience rizicole du Noun a retenu l’attention des partenaires présents qui nous ont manifesté leur intérêt. Toujours en rapport avec la culture du riz dans le Noun, nous allons en ce mois de Novembre 2008 passer un séjour enrichissant en Afrique de l’Ouest afin d’échanger nos expériences avec les experts Béninois, Sénégalais et Ivoiriens.
Quel message à la communauté du Noun ?
Un message d’encouragement à l’endroit des communautés agricoles des bas –fonds qui adhèrent résolument au Projet Mont Mbappit parce qu’ayant compris son bien fondé. Un message de remerciement à l’endroit des diverses autorités qui nous apportent leur précieux soutien. Je pense au Vice – premier Ministre, Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, au Gouverneur de l’Ouest, au Préfet du Noun et au Sultan Roi des Bamoun pour ne citer que ces personnalités. Enfin, un message d’appel en direction de tous les enfants du Noun, y compris les élites de ce grand département. Je les invite à descendre dans les bas-fonds que notre Projet s’emploie à aménager pour occuper des parcelles et s’investir dans la production agricole qui est le cheval de bataille du développement. Au demeurant, je souhaite une excellente fête du Nguon 2008 à toutes et à tous.
Propos recueillis par Alexis MOULIOM NJIVAH